Artiste et artisane d’art
Originaire de Nantes, mais vivant et travaillant dans le joli village de Cagnes-sur-Mer, Véronique Pépin est une artiste unique et singulière. C’est dans les jardins remarquables qu’elle propose ses premières installations éphémères. Du Musée Camille Claudel au Grand Palais, ses œuvres sont exposées dans de nombreux musées et lieux d’exposition. Elle crée des workshops olfactifs et végétal pour le Musée de la Parfumerie à Grasse. Cette artiste est aussi Artisane d’art, Parurière Florale pour la haute couture et les mariages, créant des Parures de tête et fleurs de soie. Cette passion pour le végétal et le tissu, elle aime la transmettre lors de ses ateliers artistiques et pédagogiques.
C’est un apprentissage du métier de fleuriste à celui de Parurière Florale (métier d’art) et d’une passion pour l’odorat que ma démarche artistique est née. Le métier de parurière florale, cet artisanat d’art datant du 18ème siècle, possède un savoir-faire minutieux, des outils particuliers, pour la réalisation des fleurs de soies et parures ; des tissus fins, des plumes, des perles, des pailles et crins sont les matières de prédilections pour la confection. C’est un des métiers rares de la haute couture. Celui de fleuriste, c’est la matière végétale, le sensoriel, l’espace, les lignes, les harmonies de couleurs et l’étude de la botanique, qui deviendra aussi une passion.
Maîtriser une technique, c’est aussi savoir sans défaire pour accéder à une liberté imaginative, plus intuitive. C’est confronter ses connaissances acquises à l’inconnu. Chercher à mettre à vue ses émotions, sa sensibilité, sa personnalité. Faire un choix, artiste ou artisane ? Et pourquoi ? Artiste plasticienne, sera ce choix. Divers supports, diverses matières, des courants de pensée différents et surtout une liberté de faire et de l’audace. Mon élan vers la nature, l’amour des jardins m’amènera au Land art. Cette première recherche sur l’éphémère apparaît alors dans l’observation de la fragilité de cette nature. Ce courant artistique fut la prémisse d’une prise de conscience écologique. Des installations dans les jardins remarquables, sites, et des œuvres éphémères dans des festivals débutèrent. Malgré cet élan, c’est la nature elle-même qui m’arrêta. Allergique depuis l’enfance, les arbres, les graminées, les fleurs deviennent mes ennemis. Le temps de humer, de sentir, de saisir la poésie d’un lieu par ce nez si sensible était terminée.
Se retirer et comprendre. Écrire et chercher. L’écriture, la poésie et la littérature ont toujours été une passion. Que voulait me dire ce nez ? C’est avec obstination et détermination que j’entrais dans un terrain glissant, un territoire interne. Reprenant l’origine de chaque allergie, ce sont leurs parfums sous forme d’essence que je me suis obstinée à sentir malgré les réactions. Sur chaque fragrance, j’écrivais des mots spontanés, des couleurs, que je réunissais pour écrire des textes courts, d’une façon intuitive. Et puis les mots sont devenus soins, cette poésie portée en soi faisait surface, le sensible pouvait être mis à vue, à nu. L’odorat devenait pour moi un sens d’inspiration. Plusieurs années de recherches pour faire naître les ateliers d’écriture olfactive, « Mots et couleurs sous influences ». Découverte du bonheur de la pédagogie envers des publics très différents. Création d’ateliers pour des institutions et des musées. Il arpentait en moi une cohérence à venir. Les ateliers d’écriture olfactive furent associés au retour des installations végétales, ils prirent une place importante dans la conception de nouveaux projets et furent associés au mouvement, celui de la danse. C’est avec ma sœur Emmanuelle Pépin, danseuse performeuse avec la Cie 7pépinière, que naîtront des ateliers, stages, spectacles et installations.
Moduler artistiquement l’impact de l’odeur. C’était le chemin. Autrement dit, traduire plastiquement l’univers olfactif, ce qui implique que l’œuvre n’est pas un volume, une masse, mais une émanation dans un champ donné. Intuitivement, il existait pour moi un règne olfactif, comme il existe le règne animal et végétal. Règne que je n’ai cessé d’explorer avec le souci de formuler la dimension terrestre de notre personnalité. Une démarche artistique, c’est un mouvement de vie, elle interroge constamment les effets sociétaux, environnementaux et humains. Que transmet-on en tant qu’artiste ? Si le champ de l’olfaction, de l’espace, du monde végétal étaient les vecteurs de mon travail, je fus frappée de savoir que le monde de la confection et du prêt-à-porter était la deuxième cause de pollution dans le monde.
Il fallait imaginer un processus minutieux, tout comme dans les métiers d’arts où la matière est sublimée par un savoir-faire et l’intelligence de la main de l’artisan, pour réaliser des créations d’exceptions. Mixer le savoir-faire minutieux de l’artisane d’art (parurière florale) et la liberté de la plasticienne. Les matières étaient trouvées : le tissu, la cire, les végétaux. Le tissu, celui des maisons de couture, les chutes et surplus. Les dentelles et tissus anciens collectés auprès des musées et des trésors de particuliers affectifs. Pour la cire, c’est la disparition des abeilles, les problèmes de pollinisations liés à l’abondance de pesticides. Les végétaux seraient les collectes sauvages et deviendraient les joyaux des créations. Le choix du blanc deviendra ma marque de fabrique.
Restaurer un regard contemplatif et ramener au sentiment d’exister, par et avec nos capteurs sensoriels, installer un espace de silence habité. C’est le propos des installations et des œuvres qui se verront occupées des espaces muséaux, le Grand Palais à Paris pour des salons, le musée Camille Claudel, l’Abbatiale de Conques sur les vitraux de Soulages en résidence de recherche… et d’autres lieux. Les ateliers seront toujours associés à la démarche.
Après avoir été accueillie à L’espace Suzy Solidor, résidence d’artiste de Cagnes-sur-Mer et participé à deux expositions collectives au Château Musée Grimaldi, l’idée d’une installation m’apparaissait : « habiter le paysage, saisir un territoire ». Il y a des espaces, des lieux, même des chemins et des pierres qui nous bouleversent, nous chavirent, où l’on saisi instinctivement qu’il s’agit là d’une rencontre, d’un moment unique. Dans une ruelle, au-dessus d’une lourde porte close, une inscription « Lavoir Public », deux petites fenêtres, je me souviens ce jour là le soleil était timide et la lumière blanche. Des rayons d’un soleil pâle traversaient la poussière. Un lavoir comme un vaisseau s’élançant vers la mer, trois fenêtres sur le ciel, j’avais trouvé l’endroit suspendu que je cherchais. J’investi ce lavoir d’une installation simple et sereine, où une flottille de petits bateaux de tissus cirés blancs dans lesquels une pierre était déposée, voguaient sur des fils de pêche tendus au-dessus des bacs.
Un projet a mûri et grandi, il fallait rouvrir ce lieu fermé depuis si longtemps. C’est ici que se réunissent à présent, l’expérience d’une démarche et la transmission. C’est ici que le travail des femmes serait mis en avant.
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